L’Eglise Saint–Remy
De construction relativement récente (elle fut reconstruite de 1896 à 1898), l’église d’Ittre est dédiée à Saint-Remy, évêque de Reims, qui baptisa Clovis, roi des Francs, à la fin du 5ème siècle.L’édifice a été bâti selon les plans de l’architecte Léonard en style néoromano-ogival, fut consacré par le cardinal Goossens, archevêque de Malines, en octobre 1899.
Une décoration picturale exceptionnelle
En entrant dans l’édifice, on est surpris par la décoration picturale qui rappelle les anciennes églises romanes de France. Ainsi, on peut y lire de nombreuses citations de l’Evangile relatives à la Vierge Marie, à la mort et à la résurrection du Christ ainsi qu’aux béatitudes.
Dans la partie supérieure de la nef centrale, des médaillons évoquent les 12 apôtres dont Judas, ce qui est étonnant et rarissime.
Dans le fond de l’édifice, on peut voir un médaillon dédié à Saint François d’Assise et, enfin, au jubé, une peinture représentant Saint Grégoire-le-Grand, promoteur du chant grégorien.
Une voûte peut en cacher une autre
Les voûtes de la nef centrale et des bas-côtés sont constituées de plaques de terre cuite reposant sur des ossatures en fer (méthode Eiffel).
Un ciborium
Un ciborium est un baldaquin qui surplombe le maître-autel. Celui-ci est réalisé en bois polychrome, il donne une note prestigieuse à l’ensemble de l’édifice.
Une chapelle gothique
Le nouvel édifice intègre une belle chapelle gothique datant du 16ème siècle, vestige de l’église précédente.
Cette chapelle abrite une Sedes Sapientae du 13ème siècle, invoquée sous le vocable de Notre-Dame d’Ittre pour se protéger des calculs rénaux et des hernies.
Les vitraux de la chapelle de Notre-Dame d’Ittre illustrent l’histoire de la célèbre statue.
Le premier à gauche rappelle l’invocation à la Vierge Marie, la délivrance du chevalier Isaac et de son fils Arthur, prisonniers des musulmans durant les croisades. Le vitrail central représente l’histoire du pèlerinage à la Sainte, tout d’abord la procession durant l’épidémie de peste au 14ème siècle, l’intronisation de Notre-Dame d’Ittre en 1371 et les magistrats de Bruxelles portant le cierge aux armes de la ville lors d’une épidémie en ces lieux.
Des fresques d’Albert Vonk
Le chœur de l’église est orné de fresques dues au peintre Albert Vonk, qui représentent des scènes de la Bible. Elles ont été réalisées à l’occasion du cinquantenaire de l’église. Le vitrail dans le fond du chœur est divisé en six médaillons illustrant la vie de Saint-Remy et de Clovis.
Une date : 1650
Un bénitier en forme de coquille taillé dans la pierre bleue est ancré dans le petit portail gauche de l’église, une date y est gravée : 1650.
Un trésor
L’église contient un intéressant trésor comportant notamment
la châsse de Sainte Lutgarde en argent repoussé, orfèvrerie liégeoie de 1624. Elle illustre des scènes de la vie de la fondatrice de l’abbaye d’Aywières qui fut détruite lors de la révolution française.
- un reliquaire de la Sainte Croix datant du 15ème siècle
- la châsse (en bois peint) de Sainte Sybille de Cages et de beaux ornements sacerdotaux.
L’ensemble de ce trésor fut offert jadis par les dernières moniales d’Aywières en reconnaissance de l’accueil de la communauté Ittroise.
Une Sainte : Sainte Lutgarde
Née à Tongres en 1182 et elle fut mise très jeune en pension chez les bénédictines. Elle y deviendra religieuse dès l’âge de 18 ans. Peu après, elle choisit d’entrer à l’Abbaye Cistercienne d’Aywières. Elle y demeura jusqu’à sa mort en 1246, à l’âge respectable pour l’époque, de 64 ans.
Du vandalisme à Ittre
La chaire de vérité de style néogothique a été profanée en juillet 1998. Plusieurs statues et figurines en ont été arrachées.
Une Madone: Notre-Dame d’Ittre
L’histoire de Notre-Dame d’Ittre commence à Bois-Seigneur-Isaac en 1096. Isaac et son fils, seigneurs de ce village, participèrent à la première Croisade. Ils furent capturés par les Sarrasins lors du siège du Jérusalem. Durant leur détention, ils invoquèrent la Vierge pour lui demander leur libération, en échange de quoi, ils promirent de lui ériger une chapelle à l’emplacement même où son image figurait déjà : contre un tilleul non loin de leur château. Libérés de leurs chaînes, ils parviennent à rentrer au pays et s’acquittent de leur vœu.
En 1336, la peste s’abat sur la région. Notre-Dame de Bois-Seigneur-Isaac est alors portée de village en village. Arrivée à Ittre, la Madone est déposée et l’épidémie s’arrête subitement !
Dans ces conditions, la Vierge ne pouvait plus quitter Ittre malgré les protestations des habitants de Bois-Seigneur-Isaac et les nombreux procès ecclésiastiques qui, curieusement, tranchèrent le litige en faveur de l’église d’Ittre.
Pour remercier Notre-Dame de tous ses bienfaits, les Seigneurs de l’époque, Etienne, Sire d’Ittre, et Englebert d’Enghien, Seigneur de Fauquez, lui érigent une chapelle en 1371.
En 1590, celle-ci est remplacée par la chapelle actuelle. Ces mêmes seigneurs instaurèrent également une procession en l’honneur de Notre-Dame.
Depuis 1384, celle-ci se déroule à Ittre (c’est en effet le 8 août 1384 que Jean’t Serclaes, évêque de Cambrai, autorise la tenue d’une procession).
La statue de Notre-Dame d’Ittre fut taillée dans le chêne vers 1265-1270.
Notre-Dame d’Ittre était invoquée pour la guérison de la pierre, de la gravelle, de la faiblesse du corps et de la température élevée.
Le sanctuaire était également visité par les impotents et les paralytiques. Plusieurs fois, Notre-Dame d’Ittre reçut les hommages de personnages éminents. En 1669, les Magistrats de Bruxelles envoyèrent un cierge avec les armoiries de la ville.
Une petite énigme pour terminer:
Pour la petite histoire, un ouvrier habitant Ittre et ayant participé à la construction de l’église actuelle a inséré dans la façade de l’édifice une petite croix de chapelet.
Pour quel motif ? Dieu seul le sait ! Mais bien malin celui qui la découvrira…
L’église n’est pas un musée,
C’est une fontaine de village ! (Jean XXIII)Croyant ou non, respectez-la !
Merci (Georges Denef, Doyen)